Everton Barbarosa

Historien à l’université fédérale de Rio de Janeiro, le champ de recherche d’Everton est l’étude de la circulation de la mode française dans la presse brésilienne du début du XIXème aux années 1950. 

Everton se confronte à l’histoire de la mode en établissant une recherche approfondie d’un journal féminin brésilien appelé Journal de la femme (traduction en français), Ce périodique fut publié entre 1852 et 1855, Il y constate une forte augmentation du nombre d’illustrations issues du journal français “Les moniteurs de la mode”, publié entre 1843 et 1913. La numérisation de certaines éditions a servi de source. 

Ses recherches l’invite à étudier la mode au Brésil. Pour cela, Everton observe les modes de vie brésiliens. Il démontre par les images de presse, que la France et sa mode vestimentaire est devenu un référentiel très suivi au Brésil et plus largement en Amérique Latine.

“Qu’est-ce-qui aide à créer un imaginaire social ? Pour le Brésil, ce sont les images qui arrivent de la France par la presse. Elles reproduisent les quotidiens, les habitudes que les brésiliens essayent de reproduire.”

Après quelque temps de recherche, Everton et sa directrice de recherche décident d’élargir la chronologie de la recherche en incluant la période de la guerre froide. 

Au cours du XXème siècle l’aura française est ternie par les deux guerres mondiales, laissant la place d’honneur et d’influence aux Etats-Unis. Si la presse était le moyen de diffusion de la mode et des esthétiques étrangères jusqu’à la première guerre mondiale, c’est par le cinéma que les Etats-Unis parviennent à s’ériger en modèle à suivre. 

Aujourd’hui, le Brésil tient une place de choix. Si, les moyens industriels pour produire en masse sont régulièrement dénoncés dans les actualités internationales, force est de constater que des initiatives sont prises par certaines marques pour contrebalancer cette piètre réputation. C’est ainsi que continue de se construire l’histoire de la mode pour le Brésil.

Et de manière générale, comment se forme la mode ?

“La mode n’est pas caractérisable par une seule phrase”.

Etymologiquement, le mot, “mode” dérive de la manière d’être, de la façon de s’habiller dans le lieu et dans l’espace. C’est ainsi qu’elle est définie dans le dictionnaire universelle d’Antoine Furetière publié en 1704.

Selon Fernand Braudel,  le terme acquiert le sens d’actualité impliquant l’idée d’espace et de temporalité entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Ainsi, l’aspect historique entre dans le champ de la mode. La mode se comprend alors comme une construction humaine agissant en fonction d’une personne, d’un groupe, ou d’une communauté. En somme, les comportements sociaux sont perçus comme les créateurs d’une identité par les coutumes vestimentaires. 

L’historienne Maria Cristina Volpi explique que la mode, en tant que lien entre les individus et le collectif, est l’un des mécanismes qui régule les formes de sociabilités (au sens de classe sociale) présentes dans les sphères de la vie publique et privée.

“ La mode n’est pas quelque chose de futile, de frivole ou de superflu. Elle met en évidence ce que nous sommes en tant qu’individus appartenant à des groupes situés dans le temps et dans l’espace historique.”

Du reste, la mode peut être comprise comme un révélateur des habitudes, des comportements, des positions sociales, des hiérarchies, des intérêts, des intentions et des goûts d’une époque particulière.

“Elle est une définition des évolutions des formes vestimentaires et l’ensemble des industries et des productions liés à l’univers de l’habillement.”

Du XVIIIe à aujourd’hui, la définition de la mode a nettement évolué, et celle d’Everton également:

“Pour moi la mode est une production humaine, culturelle, créée par certains individus afin de donner une identité à un groupe et de les distinguer des autres. Dans la mesure où cette production est faite dans le temps et dans l’espace historique, elle établit des frontières, des hiérarchies, des goûts, des alliances et des disputes. Toute cette complexité consiste à dire que la personne et/ou les groupes essaient d’être à la mode et d’être contemporain. Enfin, la mode est l’action de donner une identité et un sens aux expériences vécues dans le temps et dans l’espace.”