Delphine & Sirine sont les fondatrices de la marque Les débraillé.e.s. Le principe est de proposer des locations de vêtements de marque éco-responsable.
Bien que ni l’une ni l’autre ne soit issue du monde de la mode, elles en sont néanmoins consommatrices. Sensibilisées aux enjeux d’une consommation éthique en travaillant dans un réseau de magasins bio, les débraillé.e.s est la concrétisation d’un projet à double-enjeu : la mode et l’éthique.
Le constat de l’impact écologique et humain dévastateur de l’industrie de la mode est un déclic pour Delphine et Sirine. Les débraillé.e.s est une alternative.
Le projet permet de louer des vêtements, par un abonnement mensuel. Les vêtements sont portés le temps que l’adhérant.e souhaite. Cette démarche ouvre sur une autre manière de consommer, le but étant de retarder le plus possible le vêtement-déchet. La mutualisation de la garde-robe est l’une des composantes de la palette de la “mode responsable”.
Si l’impact écologique, sanitaire humain de la mode éthique est moindre, en comparaison avec la “fast-fashion”, elle demeure une mode chère et hors d’atteinte pour certains budgets. La location de vêtements permet de se vêtir de manière éco-responsable, voire de porter sa marque préférée à un coût abordable, ou encore de s’essayer à un look auquel on n’aurait pas pensé.
Il y a à la fois ce phénomène où on partage les vêtements, mais cela permet aussi d’abaisser le budget dédié aux vêtements.
En moyenne, nous avons dans notre armoire pour 114,50€ de vêtements achetés mais jamais portés. Louer ces vêtements, pour peur que nous n’y soyons pas sentimentalement attachés, fait obstacle au circuit habituel de consommation : produire, acheter, jeter.
Les pièces proposées par Les débraillé.e.s ont fait l’objet d’un travail de recherche sur leurs formes et sur leurs qualités afin de maximiser leurs longévités. Les couleurs foncées sont privilégiées car plus difficiles à tachées. Les matières facilement lavables et repassables font également l’objet d’un intérêt tout particulier. Elles sont ensuite lavées, nettoyées, retouchées au besoin, puis remises en penderie. Cette logistique, invisible à l’oeil du consommateur et de la consommatrice, est une charge que Les Débraillé.e.s prennent la responsabilité.
J’ai toujours préféré l’usure à la possession.
Delphine & Sirine se présentent directement au domicile des consommateurs.trices et exposent les collections sous forme d’apéro-débraillés. Ce temps de partage, d’échanges, de convivialité est précieux pour sensibiliser aux pratiques éco-responsables. Des ateliers DIY pour apprendre à confectionner ses propres vêtements, produire ses produits ménagers sont également proposés. Le tout étant de transmettre un savoir écologique sans culpabiliser.
Du reste, l’inclusivité revêt une importance capitale chez Les Débraillé.e.s. Les pièces proposées vont de la taille 32 au 46.
La mode est à déconstruire, c’est se détacher de toutes ces injonctions.
Pour adhérer au concept, il suffit de créer un compte sur le site, sélectionner le vêtement et le temps de location (pour une longue durée, ou une occasion). Il est proposé de récupérer le vêtement loué dans un salon, dans l’un des show-rooms, ou encore d’être livré à vélo par le service de distribution. Après avoir porté le vêtement le temps souhaité, il suffit de le rendre.
Là où la fast-fashion parie sur l’éphémérité de la mode, Les Débraillé.e.s misent sur sa longévité. Un vêtement s’use, vieillit, mais peut être rapiécé, retouché … Lorsque cela n’est plus possible, il est confié à une boîte partenaire et entre dans le circuit de l’up-cycling. Cette démarche met à l’honneur le vieux, ce vêtement transmis du cousin, de la cousine, et retouché par la grand-mère. Ce vêtement a une histoire, c’est une plu-value.
Retrouvez Les Débraillé.e.s
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Pour aller plus loin
Savoir & Faire : les textiles, Paris, Actes Sud, coll. “Nature”, 2020.