Laure N-R

Laure Nebout-Reyx se définit comme “créatrice de vêtement zéro déchet”. Pour sa marque Alory, Laure crée des vêtements à partir de tissus voués à être jetés. Alory est une marque mixte proposant des vêtements sur-mesure. Dans un lieu dédié à l’upcycling, L’atelier des nouveaux designs, Alory propose des vêtements mixtes et sur-mesure. 

Sensibilisée aux impacts de l’industrie de la mode sur l’environnement, Laure refuse une proposition de poste pour une entreprise de fast-fashion. C’est pourquoi elle se tourne très vite vers la mode éthique en créant sa propre marque. 

En allant à la rencontre des fabricants de tissus, Laure peut être en contact direct avec les matières qu’elle va travailler. Ces matières sont plus généralement des fins de stocks, des chutes ou des tissus produits en trop petite quantité pour être achetés par les grandes entreprises. L’upcycling comprend l’utilisation du restant d’un stock de tissus, ou de matières déjà utilisées.

En tant que styliste, on m’a appris à créer un vêtement et une collection à partir d’idées et d’inspirations, et de décider de la forme, de la couleur et du motif. Dans l’upcycling, on fait l’inverse. D’abord, le tissu est présent, il a déjà un tombé, une couleur, un motif, et c’est à moi de réfléchir là-dessus et de créer mon vêtement à partir de cela.

Ce qui pourrait être vu comme une contrainte est finalement une richesse, un moteur à la créativité. La diversité des textiles oblige Laure à s’adapter techniquement pour créer une pièce unique. En agissant ainsi, Laure inverse le processus de consommation habituel. En entrant dans un magasin, le but de tout.e consommateur.trice lambda serait de choisir un vêtement auquel il/elle a pu s’identifier. Or, les vêtements qui nous sont proposés sont issus de séries, plus ou moins similaires selon les marques, sur lesquelles  le/la consommateur.trice n’a eu aucun pouvoir de décision quant à son esthétique. C’est là toute la toxicité de la fast-fashion (parmi d’autres). Elle coupe au/ à la consommateur.trice la possibilité de s’interroger sur la personnalisation d’un vêtement. La démarche de Laure est de partir du désir du/ de la consommateur.trice et d’en créer un vêtement qui lui soit personnel, fonctionnel et identifiable.

Chaque vêtement est vraiment unique, puisqu’il s’adapte à la personne.

Laure exerce le mode du sur-mesure et celui du semi-mesure. Le premier sous-entend la création d’une pièce de l’étape du patronage au vêtement fini. La seconde technique consiste à partir de pièces basiques montées en amont et de les ajuster au/ à la client.e selon son goût et sa morphologie. Dans les deux cas, Laure dialogue avec le/la client.e de manière à répondre au mieux à ses attentes.

C’est de la personnalisation. C’est adapter quelque chose qui est existant à la personne.

L’implication du/ de la futur.e porteur.euse dans le processus de création du vêtement assure également sa durabilité. En effet, la pièce en question a demandé au/à la client.e un effort d’imagination et d’introspection sur ce qu’il/elle aime porter, ce dans quoi il/elle se sent à l’aise etc… Le lien créé avec le vêtement en question constitue la différence fondamentale d’un vêtement de fast-fashion, qui n’a, à aucun moment, échangé avec l’acheteur.euse. Ce manque de dialogue cultive, à l’inverse, un total détachement du rapport au vêtement, lequel sera, a fortiori, jetable et remplaçable sans regret. On peut créer une histoire avec d’autres vêtements que ceux réservés pour les grandes occasions, comme le mariage par exemple. 

Dans la même idée, la retouche d’un vêtement, plutôt que son remplacement, est un savoir-faire éthique. Bien que beaucoup ne soient pas familier avec la pratique de la couture, des professionnels le sont.

Savoir entretenir nos vêtements permettrait de les faire durer plus longtemps.

L’un des effets des confinements en 2021 a été de sensibiliser à certaines pratiques du quotidien dont on n’avait pas conscience qu’elles pouvaient être nocives pour nous et notre environnement, ou auxquelles nous n’avions pas encore pris le temps de trouver des alternatives. S’il est un élément que l’on peut faire perdurer après les confinements, c’est le retour à des savoir-faire pratiqués à domicile oubliés des récentes générations (la couture, la cuisine, la menuiserie en sont quelques exemples), auxquels il est temps de redonner de leur splendeur. 

Pour Laure la mode est un jeu d’expression personnelle par le visuel: 

C’est une manière d’exprimer qui on est avec du visuel. C’est une communication non-verbale. (…) C’est aussi une manière de s’amuser, de pouvoir s’exprimer différemment en fonction de notre goût du jour, de notre état d’esprit, de ce qu’on a envie de communiquer.

Trois mots pour définir la mode ? 

Individualisé, personnalisé

Responsable

Créative