Journaliste mode, Laura Anglionin interroge la polysémie d’un look. Une pièce vestimentaire a une origine, une histoire.
“La mode, c’est plus qu’acheter un vêtement, c’est un état d’esprit.”
Par exemple, la sneakers évoque d’abord une histoire du sport et de la performance, avant d’entrer dans une garde-robe quotidienne à partir des années 1960. La mode du sportswear a explosé dans les sociétés occidentales. Porter la sneakers, affiche aujourd’hui ce besoin de confort et de praticité. Et par la démultiplication des modèles, c’est aussi un moyen d’exprimer son goût de. Si le modèle de sneakers porté à nos pieds présente une telle esthétique, c’est parce qu’elle est le résultat d’une suite d’évolutions techniques, scientifiques et sociales.
“La mode, c’est l’histoire du vêtement, de tel ou tel produit.”
Là où la mode est difficilement définissable tant elle est plurielle, le journalisme de mode l’est encore plus. De son expérience professionnelle, Laura constate que la France, contre toute attente, ne cultive pas l’exercice de la critique de mode. Paradoxalement, alors que la mode existe surtout par son avant-gardisme et son renouvellement permanent, elle peut se révéler réactionnaire sur bien des aspects, notamment la digitalisation. En France, les professionnels de la mode ne sont que depuis très récemment sur les plateformes telles que Youtube, là où d’autres secteurs, comme la cuisine par exemple, l’ont investi dès sa création. À la différence des Etats-Unis, la presse de mode française a rechigné longtemps avant de publier des magazines digitaux.
Avec l’émergence des réseaux sociaux, l’accélération de nos modes de vie et l’augmentation des publicités, le champ de vision est inondé d’images. Le mot se perd au profit de la photographie. De fait, le journalisme de mode connaît une crise, et nécessite peut-être une redéfinition de son exercice.
De même, les réseaux sociaux comme Instagram incitent les utilisateurs à prétendre au métier de journaliste sans pour autant en connaître les codes et les rudiments. Il devient alors de plus en plus difficile pour les journalistes de mode professionnels d’afficher leurs légitimités à exercer. D’autant que les métiers de rédaction requièrent du temps. C’est un travail de longue haleine pour construire un article sourcé et réfléchi.
“C’est prendre le temps d’analyser ce qui se passe, et prendre du plaisir.”
Pourtant, la conjoncture économique actuelle pousse les rédactions à miser davantage sur la quantité que sur la qualité. Il est demandé aux (jeunes) journalistes de produire toujours plus d’articles. C’est un passage obligé dans la carrière d’un.e journaliste avant de pouvoir prétendre à obtenir des temps de rédaction qui permettent un vrai travail d’investigation.
“De nos jours, on ne peut se spécialiser dans l’investigation puis dans la mode.”
Malgré ce contexte difficile, Laura encourage à davantage d’intercommunication entre les professionnels de la mode et les critiques pour en redéfinir les contours de ce beau métier.
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