Y-a-t-il un lien entre  mode et religion? Cette question pourrait paraître bien désuète…  Pourtant, le parcours atypique de Marie-Laure Fenet, débutant sa carrière chez Nina Ricci, va l’amener à devenir pasteure à Sartrouville. C’est un témoignage qui partage qu’il existe un rapport entre l’intérêt porté à une esthétique et celui porté à un individu. 

Par un heureux hasard, Marie-Laure, étudiante en marketing fait son stage de dernière année chez Nina Ricci, qu’elle ne quittera plus pendant 12 ans. Sa définition de la mode décrit le processus artistique et créatif fait de choix et de recherches pour aboutir à la pièce finale.

“C’est le processus artistique qui me fascine, sur le choix des matières, des coloris, l’idée.”

Son secteur, celui de l’accessoire, dans le contexte florissant des années 1980 permettait une grande liberté de création aux stylistes. L’esprit dans lequel Marie-Laure évolue tend à rendre accessible l’art par le biais de la mode. Ainsi l’accessoire de création est un médium utilisé pour ouvrir à un savoir artistique. Sa première mission était de faire le lien (ou le créer) entre les boutiques et le centre créatif de la maison. C’est cette même tâche qu’elle exécutera entre les différents studios de création, en évoluant dans sa carrière.

“Comme disait Robert Ricci, fils de Nina Ricci : « Le parfum est une œuvre d’art.”

Cette vocation à créer l’harmonie explique que son changement de carrière se soit fait naturellement. Sa confession protestante baptiste lui a fourni les clefs pour évoluer dans le monde de la mode. Pourtant, la mode est fréquemment taxée pour son manque d’humanité et sa superficialité, à tort ou à raison. Il est difficile de nier le fait qu’à bien des égards, il existe un grand écart entre le soin de l’apparence et le soin de l’âme. Marie-Laure a pu en faire l’expérience lorsqu’un midi, après s’être rendu au chevet d’une personne atteinte du Sida, devait ensuite animer une réunion dans laquelle elle présentait une ceinture faite de strass qui s’est révélée être défectueuse. La réaction de la styliste fut d’une démesure incompréhensible pour Marie-Laure qui venait de quitter une personne mourante. 

L’atmosphère familiale de la maison Nina Ricci s’estompe lorsqu’elle est rachetée par un groupe espagnol. Marie-Laure y voit une occasion pour se mettre à son compte et s’investir davantage dans sa paroisse. Après une formation en théologie, en parallèle de son travail de consultante, elle prend charge d’une paroisse. Progressivement c’est sa vocation de pasteure qui prend le dessus sur.

“Ma fonction pastorale est de travailler à l’épanouissement spirituel de l’être humain mais aussi à l’épanouissement complet. L’habillement, le rapport au beau, c’est en rapport avec ce que la Bible nous dit, avec le bien-être, avec le fait de pouvoir s’aimer soi-même pour pouvoir mieux aimer les autres.“

Elle trouve dans la religion protestante et celle de la mode de nombreux points communs, comme le goût pour le beau, l’émerveillement enfantin devant un vêtement, ou un accessoire magnifique, comme celui ressenti par un croyant en prière.

“En s’émerveillant sur les choses autour de nous, on verra qu’il y a un Dieu.”